Aventure ? Vous avez dit aventure ?

Comme convenu, nous retrouvons donc Hoan, notre easyrider, devant notre homestay bien trop tôt le matin. Nous faisons nos au-revoirs à notre très chouette logeuse, qui rapellons le, nous avait accueilli à bras ouverts à 4h du mat' quand nous sommes arrivés et qui nous avait ouvert directement notre chambre pour que nous puissions nous reposer alors que nous n'avions réservé que la nuit d'après. Bref, une belle démonstration de l'hospitalité Vietnamienne. Pendant ce temps, Hoan charge les sacs sur la moto et le scooter. Je ferai le voyage derrière lui et Sylvain devra piloter son scooter, qui est assez gros par rapport à ce qu'on a l'habitude de louer. M'enfin il a son sac derrière lui et pas sa femme qui gigote, donc on va pas le plaindre le p'tit père.

Donc c'est comme ça que nous sommes partis. Nous avons fait plus de 900 km, 5 étapes et donc 6 jours de voyage et d'aventures entièrement en deux roues, remplis d'anecdotes, de faits historiques, culturels et botaniques. Et franchement, on a été gatés puisqu'on a pu voir des paysages assez dingues et surtout très diversifiés, allant des plantations de café, à la jungle dense en passant par de superbes panoramas de montagne. Nous avons aussi eu du pot de voir une flore et surtout une faune variées : une souris a mangé une partie de ma mangue de dessert, mais pour y arriver, elle a aussi bouffé une partie de mon sac à dos (elle devait vraiment avoir la dalle). Un cobra a sauté dans les buissons devant notre moto puis un autre serpent a tranquillement traversé la route. Nous avons nourri de pauvres éléphants attachés et gratté le bidou d'un python. Une sangsue a voulu faire ami-ami avec le mollet d'Hoan, et nous avons également beaucoup vu de buffles, vaches, chèvres, chiens, chats, poules ... Pas de tigres en revanche, ils étaient quelques milliers avant la guerre, mais entre les bombes et la déforestation due à l'agriculture non maitrisée, ils ne sont plus que 40 sur tout le Vietnam.

Pendant cette épopée, nous aurons pris des routes de montagnes, des routes historiques, des routes de villes assez blindées, des chemins parfois bien chaotiques (bumpy dit Hoan en rigolant) avec plus de caillous et de boue qu'un chemin de rando. Au début, Hoan flippait un peu de la capacité de Sylvain a s'en débrouiller mais il s'en est hyperbien sorti.

Le programme en détail de ce périple, bien illustré sur la carte du blog :

Dalat --> LakLake --> Buôn Ma Thuột --> Pleiku --> Kon Tum --> Phước Sơn --> Hoi An

Bon et surtout le point extra : nous n'avons pas croisé un seul touriste ! Immersion totale dans la vie des Highlands Vietnamiens.

Les plantes, la médecine et l'artisanat

Un des premiers trucs top de ce voyage, c'est que Hoan nous a permis de découvrir des dizaines de plantes cultivées ou sauvages du Vietnam. Riz, fruit de la passion, poivre, café, banane, fruits du dragon, thé, cacaotier et j'en passe des meilleurs, maintenant on est les rois de la botanique ! On sait maintenant entre autres, comment récolter la matière première du caoutchou et quand utiliser le fruit du dragon (constipation, quand tu nous tiens...). Il nous explique même que certaines personnes boivent du venin de serpent pour garder une forme olympique.

Les vietnamiens, comme nous l'avions compris dans la colloc' à Ho Chi Minh, lient énormement leur façon de manger avec leurs soucis de santé. Ils rajoutent en fonction du besoin du gingembre, citron et des herbes en tout genre. L'alimentation est diversifiée et ils mangent bien souvent plusieurs plats partagés entre tous les participants au repas (des tapas à la vietnamienne quoi). Pour ça, chacun son petit bol et ses baguettes et on se sert dans les différents plats sur la table. Pendant ce trip, nous aurons mangé local, dans de tout petits bouibouis, plein de plats délicieux et simples en se mélant à la population et en apprenant les rudiments de vietnamien (très très trèèèès difficile cette langue).

On a aussi traversé des marchés de plantes médicinales, et des endroits ou ils les préparent. Souvent, que ce soit de la banane de la jungle anti-calcul rénal ou le champignon anti-cancéreux, il faut les faire sécher. Pour ça, comme pour beaucoup de choses comme le riz ou le café, ils étendent de grosses bâches sur la route (une seule des deux voies, faut pas pousser non plus), et ils font sécher au soleil. C'est vraiment quelque chose qui nous a beaucoup marqué au Vietnam, c'est l'utilisation par toute la population de la route. Tu veux organiser ton mariage ? Pas de souci, monte un chapiteau sur la route devant chez toi et invite toute ta famille et les voisins !

Pour en revenir à la médecine, on a même demandé à Hoan de nous enmener dans une maison médicale locale. Mais malheureusement, choux blanc, les maisons médicales de campagne ne veulent pas de visiteurs car ils ne veulent pas être jugés sur leurs pratiques. Donc pas possible pour nous d'aller en visiter une, et c'est bien dommage !

Enfin, nous avons pu visiter plusieurs ateliers ou petites boutiques artisanales. Nous avons ainsi rencontré des personnes (artistes!) qui produisaient de l'encens, des tambours, des outils notamment destinés à l'agriculture, de la soie, des habits ... Que le savoir faire manuel est précieux !

Le Vietnam et son passé proche chaotique

Pendant ce fantastique roadtrip, nous sommes passés par des lieux chargés d'histoire. Comme nous l'avions compris au musée de la guerre à Ho Chi Minh, le passage des américains ne s'est pas fait en douceur... Après bien sur nous essayons de toujours garder en tête que chaque histoire a plusieurs versions.

Nous avons donc pu apprendre pas mal de choses sur la guerre du Vietnam, une période, on veut bien l'avouer qu'on maitrisait pas du tout (enfin surtout moi). Nous sommes donc passé sur différents champs de batailles, qui ont bien évidemment été reconvertis depuis et sur la mythique Ho Chi Minh Road.

Petite anecdote : quasi tout le matériel de guerre laissé sur place par les américains a été recyclé. Nous sommes également passé par plein d'échoppes ou fabriques et notamment de métallurgie/ferronerie, et Hoan nous a expliqué que chaque avion, bombe et j'en passe a été recyclé au profit de nouveau outils (souvent en agriculture).

Pour faire un résumé hyper simpliste : le nord contre le sud, le capitaliste contre le communisme et les américains qui soutenaient un des camps qu'on vous laisse deviner. Résultat : le Vietnam "gagne" cette guerre, avec de son côté 5,5 millions de personnes décédées (civiles et militaires), contre 60 000 militaires américains. On de quoi se demander quel est le vrai sens du mot victoire dans ce contexte.

Le problème c'est aussi qu'une fois la paix signée, les vietnamiens ont voulu retourner avec beaucoup d'appréhension a leurs activités, mais que les bombes non explosées ont continué à faire du dégat. Sans parler de l'agent orange qui a causé des malformations extrêmement importantes sur la génération suivante. Quel gâchis !

Nous avons donc vu des sites emblématiques comme la vallée de la mort, et surtout la route d'Ho Chi Minh. Cette route était utilisée pour faire passer de la nourriture, des armes et habits. Elle a été créée "à la main", par des hommes et des femmes à travers la jungle le long de la frontière avec le Laos et le Cambodge (et parfois même dans ces pays). Les conditions étaient alors extrêmement hostiles (végétation, température, animaux sauvages...).

Bref, entre les français, les japonais et les américains ils s'en sont vraiment pris plein la figure pendant le 20ème siècle.

Les ethnies : huit populations rencontrées

Le top of the pop de cette expédition, the cherry on the cake : on a traversé des villages de différentes ethnies.

Bon alors là, c'était gé-nial ! Ces populations ont migré il y a très très trèèèès longtemps du Laos, Cambodge, Philippines, Malaisie vers le Vietnam. Et surtout elles ont encore pas mal conservé leurs spécificités culturelles. Et ça c'est hyper chouette ! Mais on voit quand même que le confort moderne commence a prendre le pas. Par exemple, pas mal d'ethnies rencontrées construisaient leur maison sur pilotis pour ne pas se faire inonder, et ne pas avoir d'intrusion de serpent ou autre bestiole. Mais de plus en plus de maisons construites dans ces villages sont maintenant en béton, conformes à l'esthétique classique vietnamienne. Le tissage aussi se perd, tout comme la chasse qui est beaucoup remplacé par de l'agriculture.

Hoan nous fait un point détaillé dans chaque village des célébrations, des rituels et de leur façon de vivre. C'est vraiment très enrichissant et nous prenons beaucoup de plaisir à discuter avec les gens rencontrés, qui sont très souvent des femmes et des enfants. Les ethnies rencontrées sont parfois patriarcales et parfois matriarcales.

On sent qu'ils ne voient pas souvent d'étrangers, et ils nous offrent beaucoup de sourires.

Dans le dernier village, un femme de plus ou moins 24 ans nous parle de ses enfants, elle en a 5 et ses petites dernières sont des jumelles. Ces femmes n'accouchent pas à l'hôpital, on s'en serait douté, mais une sorte de sagey-femme vient chez elle. Pas moyen d'en savoir plus. Hoan la questionne sur sa rencontre avec son mari, et elle nous répond qu'il l'avait juste croisé et qu'il lui a demandé qu'ils se marient, elle ne s'en souvient pas bien. Quand on lui demande si elle l'aime, elle nous répond "so so" (mouais...)

Afin de ne pas oublier le nom de ces différentes éthnies : - les Mongs - les Mnongs - les Giaraiys - les BaaNars - les RoNgaos - les GieTriengs - les CoTus Merci à eux de nous avoir reçu et d'avoir partagé un peu de leur mode de vie avec nous !

Un nuit en famille

Enfin, à la fin du voyage nous passerons une nuit dans une famille tradtionnelle. Nous commencerons par pêcher avec le père de famille. Enfin j'ai attrapé deux poissons (Kate et Arnold, qu'on a relâché), on attend encore ceux de Sylvain :)

Puis on arrive à la maison composée d'un salon, d'une chambre, d'un renfoncement et d'une cuisine. Les habitants sont la grand mère, les deux parents et une fille d'un quinzaine d'année. J'aide les filles à cuisiner pendant que Sylvain tue le poulet avec le père de famille. Puis quand tout est prêt nous passons à table ou plutôt au tapis, puisque nous mangeons tous sur le sol. C'est top et hyper bon, les plats sont comme d'hab bien diversifiés, mais en plus on a la fierté d'avoir aidé. Le père nous propose de l'alcool de son cru : mot, hai, ba, yoooo : un deux trois cul sec !

Après le repas, les hommes passent sur des chaises pour jouer et boire du thé et les filles débarrassent et font la vaisselle (et là tu sens bien que ce n'est pas le moment de faire une esclandre féministe).

Le lendemain, tout le monde se lève tôt, et à 6h je me retrouve avec la mère sur un scooter dans la brume pour aller au marché. Là c'est sûr, les marchants et les autres clientes ne s'attendaient pas à m'y voir et ça les fait beaucoup rire !

Un énorme plat de nouilles en soupe, des grands sourires et les éffusions des aux revoirs, et nous voici repartis !

Après cette aventure, on est ravis. On aura enfin vraiment pu comprendre, et rentrer plus en profondeur dans le pays, ce qui nous avait un peu manqué en Indonésie. C'était vraiment une expérience extraordinaire et donc on vous partage le lien du site de Hoan ICI

Hoan, merci à toi : c'est parti mon kiki !

Hoi An nous voila, j'ai hâte !

Pipoca