Un trajet pas si terrible

La halte à Cimaja est finie. Vu l'écart entre théorie et pratique sur le chemin de Bogor à Cimaja, on appréhende un peu le départ. Surtout qu'on nous annonce environ 5h jusqu'à Bandung (comprendre +/-1h) et ensuitez 8h de train jusqu'à Yogyakarta. Malgré un départ au parfum d'embrouille, tout le reste se poursuit très bien. Certes c'est long mais nos 2 chauffeurs de taxi (que même les bouchons de Bandung ne sauraient arrêter) sont très sympathiques et le train est bien comfortable.

On arrive à bon port, un peu fatigués. On se fait enfler par le taxi, débutants que nous sommes. Tant pis on attend qu'une chose, notre lit. Nous voilà donc partis pour 4 jours à Yogyakarta. 2 pour la ville, 2 pour ses alentours.

Yogyakarta : le kraton et Malioboro

Dès le début, Yogyakarta nous enchante. La ville, moins oppressante que Bandung, nous offre quelques ruelles et chemins de traverse charmants. On réalise assez vite que la ville, même en son coeur, a gardé de nombreux arbres et autres verdures. Il fait donc bon flâner, particulièrement dans les quartiers autour du kraton. On est pas dupes, c'est une population aisée et, on l'apprendra plus tard qui travaille pour le sultan, néanmoins les enfants sont toujours très contents de nous voir passer et nous adresser quelques mots. Maïlys, encore très timide, commence à dégainer un peu son appareil photo.

Malioboro est l'artère commercante principale et reste animée jusqu'à tard dans la nuît. On peut y manger dans des petits boui-bouis assis sur des nattes au sol. C'est bon et les prix sont imbattables. On viendra y traîner plusieurs soirs pour profiter des nombreux restaurants avoisinants. On se rend compte, naifs que nous étions, que chaque jour on retrouve les mêmes chanteurs, les mêmes musiciens, ect. Et c'est fou le nombre de rabatteurs parlant français "sans déconner" (ils disent tous ça), cherchant à vendre batiks, voyages et autres. À propos de batik, le débat reste ouvert à savoir si je me suis fais avoir en achetant un petit batik tout mignon avec des geckos (je vous laisse deviner qui pense oui, qui pense non).

Prambanan : un impressionnant site hindou

Après 2 jours à errer dans cette belle Yogyakarta, nous voilà parti chevauchant un nouveau destrier à moteur dans le flot continu de véhicules de la ville. C'est inquiétant au début mais on s'y fait une fois qu'on a compris qu'il faut suivre le courant, comme une sardine dans son banc. Et avoir foi dans la conduite à l'indonésienne : tant que ça passe, ça se fait.

Une fois cette première épreuve remportée avec succès (pas d'accident jusqu'à maintnenant), nous voilà donc en route pour Prambanan. En réalité je ne sais pas trop à quoi m'attendre, une série de temple en ruine sûrement. On décide d'ailleurs de s'arrêter un peu plus tôt sur la route au niveau des ruines de Kalasan. L'émerveillement commence déja, le premier temple nous offre une bonne mise-en-bouche pour nous plonger dans l'atmosphère des temples hindou. Après quelques égarements au milieu des champs et des rizières, charmant arrière pays, nous voilà arrivés à Prambanan.

Et là c'est plus la même. On sent le site habitudé à recevoir des cars entiers de touristes. Heureusement on est un peu hors saison, sans être tout seuls loin de là, on est pas au milieu d'une foule de touristes non plus. J'apprends d'ailleurs ici à l'entrée qu'on est sur un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Quand même. Je commence à me dire qu'on est sur quelque chose d'important. On choisit donc notre caisse, Rp. 40 000 l'entrée, on est surpris c'est très raisonnable. Sauf quand on arrive au guichet et qu'on nous explique que pour nous, c'est pas de ce côté, c'est l'autre entrée. Celle avec un grand hall climatisé. Chouette. Et des entrées à Rp. 373 000. Quand même ! Admettons, on prend nos billets, un peu dégoutés, et nous voilà en quête des temples du site. Et je dois avouer que, tout de même ça vaut le coup. Il n'y a pas grand chose à décrire, il faut le voir. Le site principal possède 3 immenses temples, et quelques autres autour plus modestes. En arrivant on se fait alpaguer par deux jeunes qui se présentent comme des guides "trainee", qui veulent pratiquer leur anglais. On explique bien qu'on peut pas payer une visite, ayant toujours en tête la mésaventure de l'entrée, mais ils insistent en expliquant qu'ils souhaitent juste s'entrainer pour les visites. Du coup on accepte, et les voici nous accompagnant en nous expliquant les subtilités des différents temples et dieux hindous, les symbôles qu'on peut retrouver, etc. Cela rend la visite encore plus intéressante, déjà que nous sommes sous le charme de ce qu'on a sous les yeux (même si vu l'immensité des édifices, on a plus l'impression d'être nous, sous leurs regards). Les 2 autres sites du parcs sont aussi intéressants à voir mais certes moins grandioses.

Boroboudur et la culture javanaise

Pour notrer dernier jour à Yogyakarta on décide de se payer un tour avec un lever de soleil à Boroboudur, immanquable d'après le guide, et un petit tour de la région pour découvrir les différents activités (fabrication de tofu, culture de café, de tabac, etc.) et la façon de vivre des javanais.

D'abord on profite du temple bouddhiste de Boroboudur au lever de soleil. Malgré nos esprtis embrumés de fatigue, le spectacle est saisissant. On profite bien de ces instants, même si on est pas tout seul. Cela dit, le guide nous dira plus tard qu'on était 180 ce matin, ce qui est déjà pas mal, mais qu'en pleine saison on compte 700 personnes au lever du soleil ! Là je nous bénis d'être venus hors-saison ;). Ensuite on le droit à un petit topo sur les différentes spiritualités de Java (à savoir Kejawèn, l'hindouisme, le bouddhisme et l'islam). Je suis particulièrement surpris et intéréssé par ce que le guide nous explique de Kejawèn, la philosophie propre au javanais. Dur de vous l'expliquer ici, mais elle découpe l'expérience humaine en 11 étapes, expliquée en 11 chansons. Jusqu'ici pourquoi pas mais rien d'extraordinaire. Mais c'est surtout que le vrai but pour eux est de trouver son propre "guru" à travers l'expérience personnelle, les erreurs qu'on fait, les actions qu'on entreprend. De fait personne n'est jamais interdit de faire quoique soit, puisque tout relève du chemin intérieur que l'on fait. Encore plus intéressant, tout le monde peut écrire son chant si jamais il pense avoir une sagesse. Personne ne détient plus de savoir que d'autre, chacun est capable d'enseignement et de sagesse. La spiritualité "open source" en quelque sorte. Pour sûr je m'y réintéresserai dans le futur. On a ensuite le droit à un petit cours sur l'histoire de Siddhartha Gautama, le Bouddha à l'origine du bouddhisme. Comme dans une église avec la vie de Jésus, ce sont une série de gravures qui expliquent les étapes de sa vie. De la bande dessinée avant l'heure aussi.

Le reste consiste, comme dit précédemment, en un tour dans différents dans des villages traditionnels javanais et de leurs différentes activités. Il est toujours intéressant de discuter avec le guide afin qu'il explique comment la vie de village se passe, les traditions d'hospitalité, ce qui est important pour eux (par rapport à ce qui peut l'être pour nous). On a même le droit à un rapide cours de cuisine javanaise, toujours sympathique, mais si en réalité on ne fait pas grand chose. Les cuisinières ont les choses bien en main. A noter que le Luwang Kopi, le café le plus cher du monde, est effectivement très bon. Il est fait en utilisant le processus digestif d'un félin qui vit dans la région, et en récoltant ses excréments. Mais c'est vraiment très cher, trop sans doute pour un café.